Le médiateur de la Banque mondiale soulève des « préoccupations sérieuses » concernant Bridge International Academies

Le Conseiller-médiateur pour l'application des directives de la Banque mondiale (CAO) publie un rapport soulevant « des préoccupations sérieuses » concernant Bridge International Academies (BIA). Le rapport annonce également qu'une enquête de conformité sera menée sur l'investissement de la filiale privée de la Banque mondiale, la Société Financière Internationale (SFI), dans BIA.

Cette décision fait suite à la plainte déposée en avril 2018 par dix citoyens kényans, avec le soutien du Centre pour les droits humains de l'Afrique de l'Est (EACHRights), qui met en lumière les violations présumées par BIA des droits humains et des normes de performance de la SFI. La plainte résulte de nombreuses préoccupations soulevées par diverses sources indépendantes, universitaires, titulaires de droits, organisations de la société civile et journalistes, depuis 2016.

Dans son rapport, le Conseiller souligne que les opérations de BIA suscitent « des inquiétudes sérieuses » concernant « l’impact défavorable sur les enseignant-e-s, les parents et les élèves » , « le risque environnemental et social des écoles à la lumière de leur nombre, de leur emplacement et des préoccupations concernant leurs méthodes de construction » ; et « le statut d'homologation des écoles et le respect des exigences en matière de santé et de sécurité. »

L’enquête menée par le Conseiller portera également sur le contrôle par la SFI du respect des lois nationales par BIA, ainsi que sur la capacité et l’engagement de BIA à appliquer les normes de performance de la SFI, notamment celles relatives aux pratiques de travail et aux conditions environnementales, sanitaires et sécuritaires de ses écoles. Le niveau de protection apporté aux travailleurs, à l’environnement et aux communautés touchées, dans un contexte de fourniture de services à faible coût au sein d’installations informelles, sera également examiné.

Les plaignants impliqués dans cette affaire ont attendu longtemps. En prenant cette décision, le Conseiller prend en compte l’ampleur des activités de BIA au Kenya, le nombre de communautés potentiellement touchées et les situations de vulnérabilité des enfants et des familles, qui sont les cible des écoles de BIA. Nous attendons avec intérêt une enquête rigoureuse et approfondie et invitons tous les investisseurs à commencer à prendre des mesures pour éviter de nouveaux dommages.
Judith Oloo, Directrice générale du Centre des droits humains de l’Afrique de l’Est
Le rapport du Conseiller confirme les préoccupations et les nombreuses questions soulevées par les parents, les enseignants et les organisations de la société civile depuis des années au sujet des pratiques néfastes de BIAl. Il est temps que la Banque mondiale et d’autres grands investisseurs tels que Mark Zuckerberg, Bill Gates, le réseau Omidyar et le gouvernement britannique prennent des mesures immédiates pour remédier à la situation et respecter le droit à l’éducation
Sylvain Aubry, Initiative mondiale pour les droits économiques, sociaux et culturels
Cette enquête intervient à un moment critique alors que des donateurs tels que le Partenariat mondial pour l'éducation et d'autres explorent leurs propres stratégies de collaboration avec le secteur privé. Les décisions d’investissement doivent être fondées sur des données probantes. Un examen approfondi et honnête des préoccupations suscitées par les écoles privées à but lucratif telles que Bridge est nécessaire pour garantir que leur démarche appuie réellement les efforts nationaux visant à assurer une éducation gratuite et de qualité pour tou-te-s.
Tony Baker, RESULTS Educational Fund

L'enquête de conformité devrait être terminée d'ici septembre 2020. Les plaignants espèrent que l'enquête confirmera les preuves existantes et que des mesures seront prises par la Banque mondiale et la SFI pour veiller à ce que les conclusions soient traitées de manière adéquate et équitable pour les milliers d'enfants, de parents et d'enseignants quotidiennement affectés par ces violations.