Une plainte cible la Banque Mondiale pour son investissement dans Bridge International Academies

Le Bureau du conseiller-médiateur pour l’application des directives accepte une plainte pour graves violations des normes d'investissement et des droits de l’Homme, déposée contre la Banque mondiale suite à sa participation au financement des écoles Bridge International Academies (Bridge) au Kenya. 

EACHRights et huit citoyens kenyans ont déposé une plainte le 16 avril 2018 à l’encontre de la Société Financière Internationale (SFI), qui n’est autre que  la branche secteur privé de la Banque Mondiale pour faire cesser les graves violations des droits des enfants commis par Bridge. Bridge gère plus de 400 écoles primaires privées dites à « bas coûts » au Kenya dont la grande majorité ne sont pas légalement enregistrées. Bridge a fait l'objet de nombreuses plaintes pour pratiques de travail abusives, discrimination, manque de transparence et non-respect des normes nationales d'éducation, de santé et de sécurité.

Depuis 2014, la SFI a investi en actions 10 millions de dollars dans Bridge pour soutenir son développement dans les pays d’Afrique. Or, la SFI a l'obligation de veiller à ce que ses investissements ne violent pas ses propres Standards de Performance, et notamment ceux relatifs aux droits du travail, à la santé et la sécurité, et qu'ils soient conformes aux législations nationales.

Nous nous félicitons de la décision du CAO de prendre au sérieux nos préoccupations concernant les opérations de Bridge et d'accepter notre plainte à propos de l’investissement de la SFI dans l'entreprise. Les pratiques en cours que nous avons documentées doivent être étudiées de toute urgence afin d’assurer que les enfants ne soient pas privés d'accès à une éducation de qualité. Nous attendons avec impatience l'examen rigoureux du CAO et espérons que ce processus sera sérieusement considéré par la SFI.
Linda Oduor-Noah, de l’organisation Kenyane East African Centre for Human Rights (EACHRights), qui a soutenu la plainte.

Les organisations des droits de l’homme,  saluent le processus du CAO, qui permettra de veiller à ce   que la SFI soit tenue responsable des problèmes liés à son investissement dans Bridge et de faire la lumière sur les pratiques de l'entreprise. L'évaluation devrait être effectuée dans les 120 jours ouvrables. Il s’agit d’une étape importante de la mobilisation de la société civile pour tenir responsable les bailleurs publics qui investissent dans des entreprises scolaires multinationales qui violent les droits de l’homme, telles que Bridge. Les organisations de défense des droits de l’homme continueront de demander justice pour de tels cas.