Éducation publique et gratuite

L'enseignement public et gratuit favorise l’accès de millions d’enfants et de jeunes à l’éducation. 

En 2020, 30,8 % des enfants en âge de fréquenter le premier cycle de l'enseignement secondaire dans les pays partenaires du PME n'étaient pas scolarisés, contre 40 % en 2002. Le coût de l’éducation reste l’une des barrières les plus importantes à l’instruction des populations les plus pauvres. Beaucoup de ménages n’ont pas les moyens de supporter les frais de scolarité et les autres dépenses liées aux études.

Dans de nombreux pays, l’offre publique d’enseignement n’a toujours pas été développée. Là où les établissements publics n’ont pas réussi à garantir l’accès à l’éducation des populations défavorisées, comme les enfants des bidonvilles ou des régions rurales isolées, les établissements privés  investissent le secteur. Si certains acteurs communautaires ou associatifs visent avant tout à apporter un service essentiel aux populations là où il fait défaut, d’autres acteurs poursuivent un but lucratif, considérant l’éducation comme un véritable marché, et imposant des frais de scolarité. En Éthiopie, Sierra Leone et dans un grand nombre d’États arabes, l’éducation est fournie par le secteur non étatique. Le pourcentage d’inscriptions dans les établissements privés préscolaires est passé de 28 % en 1999 à 31 % en 2012 et de 15 % à 17 % dans les établissements privés d’enseignement secondaire des pays en développement. Cette hausse a été particulièrement prononcée dans les États arabes et en Asie de l’Est (Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2015).

Le manque d’investissements publics faisant peser le coût de l’éducation sur les familles, l’éducation ne devient accessible qu’aux populations les plus favorisées alors que les plus pauvres sont laissés de côté. En Afrique subsaharienne, seulement 44% des jeunes en âge de fréquenter l’enseignement secondaire sont scolarisés (Banque Mondiale, 2020).

Si les conditions d’accès à l’éducation sont inégales, l’enseignement devient à son tour source d’inégalités. Il existe aussi le risque de recevoir un enseignement de mauvaise qualité dans les écoles privées qui sont insuffisamment réglementées par les pouvoirs publics.

En 2000, le Cadre de Dakar a indiqué qu’« il faut recourir à des mesures incitatives, des interventions et des politiques sociales plus larges pour alléger les coûts d’opportunité indirects qu’entraîne la scolarisation. »  Le Rapport de l’EPT 2014 montre que, depuis 2000, la gratuité de l’éducation a progressé dans les pays pauvres. En Afrique subsaharienne, 15 pays ont adopté une législation visant à supprimer les frais de scolarité. Dans le monde, 94 pays à revenu faible ou intermédiaire sur 107 ont déjà légalisé la gratuité du premier cycle de l’enseignement secondaire. Quelques pays seulement continuent à imposer des droits de scolarité à ce niveau dont le Botswana, la Guinée, la Papouasie Nouvelle-Guinée, l’Afrique du Sud et la République-Unie de Tanzanie. Au Brésil, les écoles maternelles publiques sont gratuites et accueillent 86 % du total des enfants scolarisés à ce niveau.

On estime que la généralisation de la gratuité des frais de scolarité favorise l’accès du plus grand nombre à l’éducation et contribue à la réduction des disparités dans l’éducation. Cette gratuité scolaire se traduit par une baisse des admissions tardives à l’école, une incitation à la scolarisation et une diminution des abandons scolaires, en particulier chez les filles et les enfants vivant en zones rurales. Là où la gratuité scolaire a été appliquée, le nombre des inscriptions en primaire et les taux de passage entre éducation de base et éducation secondaire ont largement augmenté..

Au-delà des frais de scolarité, l’éducation implique une multitude d’autres coûts pesant sur les familles – transports et parfois logement, matériel scolaire, etc.

Les bourses, allocations et aides ciblées des gouvernements peuvent alors permettre une diminution de ces coûts, notamment pour les groupes les plus vulnérables.

Dans le cadre des Objectifs pour le développement durable, les pays en voie de développement et les gouvernements des pays donateurs se sont engagés à assurer l’accès à « un enseignement primaire et secondaire gratuit et équitable » et « à un enseignement abordable et de qualité technique, professionnel et supérieur, y compris à l’université. »

D’importants efforts supplémentaires sont nécessaires afin d’assurer que cet objectif soit atteint d’ici 2030.

Nos recommandations : 

Les gouvernements doivent en particulier :

  • reconnaître que l’éducation est un droit humain universel et faire de l’éducation une priorité politique ;
  • assurer que tous les enfants, filles et garçons, aient accès à un cycle complet de douze années d’éducation de base gratuite et, équitable, dont au moins neuf années obligatoires incluant l’enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement secondaire ;
  • assurer que tous les enfants, filles et garçons,  aient accès à au moin une année d’éducation préprimaire gratuite et obligatoire pour combler les écarts de participation, notamment chez les enfants des ménages pauvres et des communautés marginalisées ;
  • tendre vers la gratuité dans l’éducation supérieure.


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