Réaction de la Coalition Éducation à la Déclaration de Séville sur l'éducation

La Coalition Éducation salue la Déclaration de Séville sur le financement durable de l'éducation adoptée lors de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement, qui réaffirme avec force le rôle central de l’éducation comme levier du développement durable, de la croissance inclusive et de la résilience des sociétés.

Nous nous réjouissons de voir que les engagements exprimés font globalement écho à ceux que nous avons défendus dans notre tribune « A séville, faire de l’éducation une urgence politique et humaine »

Toutefois, cette Déclaration doit désormais se traduire en actions concrètes. Cela implique notamment de protéger et renforcer les budgets alloués à l’éducation, y compris en matière de solidarité internationale, à l’heure où de nombreuses coupes affectent les secteurs sociaux, compromettant directement la réalisation du droit à l’éducation pour tou.te.s. 

Nous saluons particulièrement :

  • La reconnaissance du rôle structurant de l’éducation dans le développement durable, en lien avec la santé, la protection sociale et le travail décent. Nous saluons l'importance accordée à la mise en place de stratégies de financement intersectorielles durables, condition essentielle pour garantir un impact systémique, une cohérence des politiques publiques et une allocation efficace des ressources.
  • L’engagement réitéré « à soutenir un financement adéquat pour assurer à tous une éducation inclusive, équitable et de qualité ». Cet engagement est crucial pour répondre aux besoins croissants des systèmes éducatifs, dans un contexte de pressions multiples.
  • L’engagement à aligner les financements sur les priorités des pays, à travers une intégration dans les cadres macroéconomiques, budgétaires et législatifs.
  • La volonté affirmée d’accroître la transparence et la redevabilité, en s’appuyant sur des systèmes publics nationaux robustes.

Mais au-delà des intentions, la mise en œuvre effective reste le véritable défi. Pour y répondre, la Coalition Éducation appelle la France, ainsi que ses partenaires publics et privés, à des engagements clairs et concrets sur plusieurs points prioritaires :

Nos recommandations

  • Faire de l’éducation publique la pierre angulaire des investissements éducatifs. Les systèmes d’éducation publics sont le seul moyen d’assurer une éducation gratuite, équitable et de qualité pour toutes et tous. Nous appelons les États et partenaires à faire du renforcement des systèmes publics la priorité absolue des politiques éducatives et des investissements.
  • Encadrer le secteur privé et garantir des financements équitables et responsables. L’éducation est un droit et un bien public mondial, et l’État doit en être le garant. Il est essentiel de réguler strictement les prestataires privés, d’interdire les modèles à but lucratif non encadrés, et d’assurer que toute intervention respecte les principes de qualité, d’équité et de non-discrimination. De même, si la mobilisation de financements innovants et complémentaires est pertinente dans le contexte budgétaire actuel contraint, elle doit se faire sans conditionnalités, dans le respect des droits humains, et au bénéfice prioritaire des populations les plus à risque d’exclusion (filles, personnes en situations de handicap, réfugiés, etc.). Ces financements ne doivent en aucun cas détourner des ressources des systèmes publics ni contourner les priorités définies par les pays. Leur déploiement doit être encadré par des principes clairs de transparence, d’équité et d’alignement.
  • Restructurer la dette pour garantir les droits fondamentaux. La lourdeur de la dette freine les investissements publics essentiels, y compris en éducation. Une restructuration équitable et transparente est nécessaire pour libérer des ressources, sans conditionnalités nuisibles, et permettre aux États de respecter leurs engagements sociaux et éducatifs.
  • Renforcer la participation de la société civile et les mécanismes de suivi. La société civile doit être associée à la définition, la mise en œuvre et le contrôle des politiques éducatives. Nous appelons à la mise en place de cadres de suivi ouverts, transparents et participatifs, appuyés sur des indicateurs communs.

À Séville, un consensus fort s’est dégagé. Il est temps de passer à l’action. Le droit à une éducation publique, gratuite et de qualité pour tou.te.s doit être une priorité politique mondiale, effective et mesurable. Aucun développement durable n’est possible sans cet engagement.