Éducation en situations de crise

225 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire et secondaire vivent dans des situations de conflit et de crise et ont besoin d’un soutien éducatif (Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence, 2023). Soit près de trois fois plus qu'en 2016 (75 millions). 

Bien que le financement de l'éducation en situations d’urgence - catastrophes naturelles, épidémies, guerres, afflux de réfugiés - ait augmenté au cours de la dernière décennie, il ne suit pas la croissance rapide des besoins financiers. Avec seulement 3 % du financement du secteur humanitaire dans le monde alloué à l'éducation en 2021, l'éducation en situations d’urgence est encore trop souvent négligée et peu considérée comme un besoin vital.

Pourtant, le manque de ressources et de capacité locale dans les pays affectés par des crises humanitaires privent les populations les plus démunies d’accès à l’éducation. Selon l'UNICEF, plus de 460 millions d’enfants vivent dans des zones de conflit, et 43,3 millions d’autres sont en situation de déplacement forcé.

Ces dernières années, la COVID-19, les catastrophes climatiques, la crise afghane, les conflits ukrainien et israélo-palestinien, les autres crises oubliées notamment au Sahel, dans la Corne de l'Afrique et au Yémen menacent fortement la stabilité, le développement et la sécurité mondiale. 

Environ la moitié des enfants non scolarisé·e·s dans les situations d’urgence, soit quelque 36 millions, sont concentré·e·s dans huit pays seulement : Éthiopie, Pakistan, Afghanistan, Soudan, République démocratique du Congo, Myanmar, Mali et Nigeria. (Hub mondial de Genève pour l’éducation dans les situations d’urgence, 2023).

Maintenir et renforcer l’éducation de qualité est pourtant essentiel pour combattre les crises humanitaires. A travers l’éducation, il s’agit de donner aux populations et en particulier les plus jeunes, un soutien psycho-social, un cadre pour la construction de projets individuels et collectifs, ainsi que les connaissances et les compétences pour conserver un espoir en l’avenir. Trop souvent la cible de violences - dans au moins 37 pays, l’éducation fait l’objet d’attaques répétées par les forces de sécurité de l’État et les groupes armés non étatiques -, les écoles et autres espaces d’apprentissage sont pourtant le creuset de sociétés pacifiées, tolérantes et respectueuses des libertés de chacun. Ils constituent pour les garçons comme pour les filles des lieux sûrs contre les dangers liés à un environnement de crise tels que les violences, les mariages précoces ou forcés, le recrutement dans des groupes armés ou le crime organisé. Les écoles sont également le point d’accès à d’autres services essentiels tels que la nutrition, l’eau, l’assainissement et les services de la santé.

L’aide humanitaire est un moyen fondamental pour améliorer l’éducation des populations touchées par les crises. Elle permet de financer les agences intergouvernementales et les ONG opérationnelles sur le terrain dès le début d’une nouvelle crise, et notamment d’organiser des activités éducatives, former des enseignants, distribuer du matériel d’enseignement et d’apprentissage adapté, construire des abris et lieux d’éducation temporaires et reconstruire des écoles. On estime à 2,9 milliards de dollars le montant annuel nécessaire pour scolariser les enfants et les jeunes dans les pays en conflit.

Selon la seule source de données accessibles sur les financements humanitaires (FTS), l’éducation représentait à peine 3.4 % de l’aide humanitaire de la France en 2023, alors qu’elle s’était élevée à 6.48 % en 2020.

Nos recommandations : 

L’augmentation de l’aide humanitaire à l’éducation est indispensable pour aider les pays touchés par une crise ou accueillant des populations réfugiées sur leur sol à ajuster les politiques d’éducation, améliorer les infrastructures d’apprentissage et donner aux enseignant.e.s les moyens d’assurer une éducation de qualité.

Pour cela, la France doit :

  • Augmenter progressivement et de manière constante les financements humanitaires alloués à l’éducation pour tendre vers les engagements européens de 10% de l’aide humanitaire à l’éducation ;
  • En tant que pays d’accueil, intégrer les réfugiés dans son système d’éducation nationale ;
  • Prendre des engagements pluriannuels ambitieux pour financer le fonds Education Cannot Wait ;
  • appuyer les pays à faible revenu à transformer et renforcer les systèmes éducatifs afin qu'ils soient résilients face aux urgences et aux crises sanitaires, aux désastres naturels liés au changement climatique et aux conflits ;
  • Renforcer la collaboration avec les pays à revenu faible et moyen inférieur pour mettre en place des systèmes d'éducation et d'apprentissage tout au long de la vie transformateurs, résilients, sûrs, inclusifs, sensibles au genre et de qualité.

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