Éducation équitable

L’éducation inclusive et équitable permet d’assurer l’accès à l’école et à un enseignement de qualité à tou.te.s, sans exclure quiconque, quels que soient le niveau de revenu, le sexe, l’origine ethnique et les besoins de la personne.

En 1990, lors de la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous à Jomtien (Thaïlande), les nations du monde entier réaffirmaient en s’appuyant sur la Déclaration universelle des droits de l’homme que « toute personne a le droit à l’éducation », et s’engageaient à lutter contre les inégalités scolaires. Le début des années 2000 semblait prometteur avec le plan Education pour Tous issu du forum de Dakar. Cependant, en 2015 les objectifs fixés à Dakar, et notamment ceux d’un « enseignement primaire universel » d’une « égalité entre les sexes » n’avaient pas été atteints.

Depuis, des progrès ont été accomplis à l’échelle mondiale, mais le nombre de pays dont les lois prennent en compte les personnes les plus à risques d’exclusion scolaire reste encore insuffisant : 79 % des pays pour les personnes en situation de handicap, 60 % pour les minorités linguistiques, 50 % pour l’égalité des genres et 49 % pour les groupes ethniques et autochtones (Rapport mondial de suivi de l'éducation, 2020). Les réalités sur le terrain sont d’autant plus complexes, notamment dans les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu : seuls 42 % des pays d’Afrique subsaharienne sont considérés comme poursuivant des politiques inclusives dans ce domaine.

En 2024, 250 millions d'enfants ne sont pas scolarisés, soit 6 millions de plus que l'année précédente, en grande partie à cause de l'exclusion massive des filles de l'éducation en Afghanistan, mais aussi de la lenteur des progrès dans le monde entier (UNESCO, 2024). L’égalité des chances dans l’accès à une éducation de qualité n’est toujours pas atteinte, et l’ODD 4.5 risque de ne pas être accompli d’ici à 2030.

Près d’une adolescente sur trois issues des ménages les plus pauvres au monde n’a jamais mis les pieds dans une salle de classe (UNICEF, 2020). Les disparités entre les genres se creusent à chaque cycle du système d'éducation. Lorsque les filles tentent de mener des scolarités longues, elles sont souvent victimes de violences de genre.

50 % des enfants handicapés dans les pays à revenus faible et intermédiaire restent exclus du système éducatif (Unicef, 2020). Et quand ils sont scolarisés, les enfants en situation de handicap et issus de minorités le sont encore trop souvent séparément. Les établissements ont rarement prévu un soutien adéquat pour les intégrer pleinement dans le système d’enseignement général et les enseignant.e.s bénéficient insuffisamment des formations nécessaires à la mise en place d’enseignements adaptés aux besoins spécifiques des enfants. De plus, ils sont confrontés à l'attitude négative qui leur est réservée et le manque de conscience de leurs droits et besoins. 

Qui plus est, les personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination dans la société sont victimes d’effets combinés et cumulatifs qui accroissent les risques d’exclusion scolaire. Lorsque le genre s’entrecroise avec d’autres facteurs de vulnérabilité, comme le handicap ou l’âge, l’accès et le maintien à l’éducation peut devenir encore plus difficile, d’autant plus lorsque les filles atteignent la puberté. Seulement 42 % des filles handicapées terminent l'école primaire, contre 51 % des garçons handicapés (Unicef, 2020). Dans les faits, les politiques et programmes éducatifs prennent peu en compte la question de l’intersectionnalité pour améliorer l’inclusion scolaire des enfants les plus vulnérables.

Ces situations, qui touchent souvent les pays à faible revenu, remettent en cause le droit à l’éducation de populations, déjà vulnérables et exposées au risque de marginalisation. L’instruction est l’un des leviers d’équité sociale les plus puissants. A l’inverse, une discrimination persistante et la marginalisation sociale dans le contexte éducatif sont les principales causes d’un important déficit en matière d’inclusion et d’équité sociale. 

L’objectif de développement durable consacré à l’éducation (ODD 4)  est une opportunité pour les gouvernements de faire avancer l’éducation inclusive et équitable, en s’assurant que les systèmes éducatifs, les pratiques scolaires et extrascolaires et les ressources soient orientées en faveur de cet objectif.

Les avancées réalisées au cours des dernières années montrent, tout de même, que le changement est possible. À l’échelle mondiale, la part des écoles dotées d’infrastructures et de matériels adaptés aux élèves handicapés a augmenté à tous les niveaux d’enseignement, et de manière plus significative dans le second cycle du secondaire, passant de 46 % en 2015 à 56 % en 2020 (Rapport de suivi mondial, 2023). La notion d’éducation inclusive progresse et fait évoluer positivement les comportements chez les parents et les enseignants, ainsi qu’au sein des communautés.

Une éducation offrant l’égalité des chances aux filles et aux femmes, aux personnes en situation de handicap, aux migrants et aux minorités est cruciale. Elle aiderait à réduire les taux d’échec scolaire, de décrochage scolaire et d’adultes marginalisés peu qualifiés, concourrait à une société plus juste, et renforcerait la cohésion et la confiance sociale.

Nos recommandations : 

Il est important que la France et la communauté internationale :

  • contribuent à garantir l’accès à une éducation sûre de base gratuite publique de qualité à tous les enfants, soit 12 années de scolarité dans les pays partenaires ;
  • appuyent la prise en compte de tous les facteurs (notamment le genre et le handicap) de vulnérabilité/discrimination et leurs intersections, dès l’étape de planification des politiques sectorielles éducatives dans sa politique de coopération internationale ;
  • encouragent et fournissent un appui technique aux Etats partenaires qui le souhaitent afin de rendre effective une planification sectorielle promotrice d’égalité de genre (cf. passage à l’échelle de la « Planification sectorielle de l’éducation intégrant la notion de genre » et de l’initiative « Piorité à l'égalité » soutenue par la France) ;
  • soutiennent la mise en place de doubles approches en dédiant des ressources au renforcement général des systèmes éducatifs inclusifs, tout en finançant les stratégies qui s’attaquent aux obstacles spécifiques auxquels sont confrontés les apprenant.e.s les plus marginalisé.e.s ;
  • placent les concepts d’équité (en matière d’accès et de participation) et de qualité au cœur de leur politique de coopération éducative ;
  • encouragent  et appuient la coordination et la collaboration multi-acteurs et intersectorielles pour assurer une prise en charge holistique des enfants les plus à risque d’exclusion scolaire, en s’attaquant ainsi aux multiples barrières auxquelles ils/elles sont confronté.e.s.

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