Face à l’urgence climatique, l’éducation reste trop souvent le parent pauvre des politiques environnementales en Afrique de l’Ouest et à Madagascar. Pourtant, sans citoyennes et citoyens formés, outillés et conscients des enjeux, aucune résilience durable n’est possible.
Alors que l’Afrique de l’Ouest et Madagascar subissent de plein fouet les effets du changement climatique, un nouveau rapport publié par la Coalition Éducation France, et les coalitions nationales pour l’éducation du Burkina Faso (CNEPT BF), de Madagascar (Conamept), du Sénégal (Cosydep) et du Togo (CNT ETP Togo) rappelle une vérité fondamentale : éduquer les citoyen·ne·s est indispensable pour construire une résilience climatique juste et durable. Pourtant, l’éducation reste un levier encore sous-estimé de l’action climatique. Sans investissement conséquent pour intégrer l’éducation à l’environnement dans les programmes, former les enseignants et soutenir les initiatives locales, ces pays deviennent de plus en plus vulnérables face aux crises climatiques.
Dans chacun de ces pays, les élèves manifestent un vif intérêt pour comprendre et protéger leur environnement. Des clubs environnement aux jardins scolaires, des journées de reboisement aux ateliers de recyclage, les initiatives locales foisonnent et prouvent qu’une autre éducation est possible. À Madagascar, le programme « Un élève, un arbre » ou les forêts scolaires au Togo en sont des exemples concrets et inspirants.
Mais derrière ces belles réussites se cachent encore trop d’obstacles. Les enseignantes et enseignants, en première ligne, témoignent : manque de temps, de formation, de ressources pédagogiques adaptées. Comment répondre à l’enthousiasme des élèves quand plus de 70 % des enseignant.e.s déclarent disposer de deux heures par semaine ou moins pour aborder les enjeux environnementaux, que 81 % au Sénégal pointent le manque d’outils, et qu’à Madagascar seuls 18 % disposent d’un diplôme pédagogique ?
Ce constat appelle à un sursaut. L’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable (EEDD) doit enfin trouver toute sa place dans les systèmes éducatifs. Cela ne signifie pas alourdir des programmes déjà surchargés, mais repenser l’enseignement pour y intégrer les enjeux environnementaux de manière transversale, concrète, et adaptée aux réalités locales. Les disciplines d’accueil comme les sciences, la géographie ou l’éducation civique sont des portes d’entrée naturelles. Encore faut-il donner aux enseignants les outils et la formation pour les exploiter pleinement.
La formation technique et professionnelle doit elle aussi faire sa mue. Car demain, ce sont des millions de jeunes qui créeront, entretiendront et développeront les métiers verts : énergies renouvelables, agroécologie, gestion durable des ressources, valorisation des produits locaux. Or ces filières restent aujourd’hui marginales, dispersées, sans véritable stratégie nationale ni soutien durable.
Certes, les discours politiques affichent de bonnes intentions avec une volonté affirmée de faire de l’EEDD une priorité transversale et intersectorielle. Des stratégies nationales existent. Mais elles peinent à se traduire sur le terrain faute de moyens conséquents, de coordination et de leadership.
Il est temps de former une génération consciente, capable d’innover, de protéger et de restaurer son environnement. Pour cela, nous avons besoin :
L’éducation est la meilleure réponse contre la crise climatique. Encore faut-il lui donner les moyens de jouer pleinement son rôle transformateur.