Alors que 2030 approche à grands pas, l'ODD 4 n'est clairement pas sur la bonne voie. La crise mondiale et le sous-financement chronique de l'éducation continuent de frapper avec gravité, et nécessitent des engagements adéquats et urgents. Telle est la conclusion alarmante de la Réunion mondiale sur l'éducation 2024 qui s'est tenue au Brésil du 31 octobre au 1er novembre et lors de laquelle a été adoptée la « Déclaration de Fortaleza » .
Il n'y a pas « un moment à perdre » souligne le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres qui appelle à combler le déficit de financement de l'éducation et à trouver des solutions concrètes.
Organisée par l'UNESCO, juste après la ministérielle éducation du G20 sous présidence brésilienne, la réunion mondiale sur l'éducation marque une étape cruciale pour examiner les progrès accomplis concernant la réalisation de l'ODD 4 et l'Agenda 2030. Le constat est accablant : le nombre d’enfants et de jeunes non scolarisés n’a baissé que de 1% depuis 2015, avec de très fortes disparités entre les pays, selon le dernier rapport du GEM (UNESCO). La rencontre a également permis de souligner l’urgence de « placer l’éducation au premier rang des priorités nationales, régionales et mondiales en matière de politique et de financement, en tant que catalyseur essentiel de tous les ODD ».
La Déclaration de Fortaleza - adoptée par plus de cinquante ministres et intitulée « Libérer le pouvoir de l'éducation pour un avenir juste, durable et pacifique » - présente un plan ambitieux, soulignant un « sentiment renouvelé d'urgence ». La Déclaration réaffirme que « l'éducation est un droit humain fondamental et un bien public » ainsi qu’« un moteur de progrès majeur pour la réalisation de tous les ODD » .
« Les gouvernements et les États ont le devoir primordial de respecter, protéger et garantir ce droit à l'éducation. ».
Le texte pointe le sous-financement chronique dont souffre l’éducation avec 97 milliards de dollars US annuels à combler pour que les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur atteignent leurs objectifs nationaux relatifs à l’ODD4. « Les gouvernements et les dirigeants mondiaux doivent comprendre que les dépenses d'éducation ne sont pas un coût qu’il convient d'abaisser au minimum, mais un investissement stratégique à long terme ».
La Déclaration appelle les Etats à mettre en œuvre des actions essentielles en faveur du droit à l’éducation. Elle demande notamment aux pays donateurs de respecter le seuil de 0,7 % du revenu national brut alloués à l'aide publique au développement (APD) et d’augmenter la part de l'APD consacrée à l'éducation, tout en alignant l'aide internationale à l'éducation sur les plans nationaux du secteur de l'éducation. Rappelons que la part de l'APD totale allouée à l'éducation a diminué, passant de 9,3 % en 2019 à 7,6 % en 2022 (UNESCO).
Cet engagement renouvelé en faveur de l'éducation doit contribuer à inverser la tendance concernant la réalisation de l'ODD 4. Dans un contexte de coupes budgétaires prévisionnelles drastiques en France sur les budgets de solidarité internationale, la France doit respecter les engagements déjà pris, notamment au niveau multilatéral et assurer des financements bilatéraux à la hauteur des défis afin de contribuer au cadre d’action de la Déclaration de Fortaleza et garantir l’atteinte de l’ODD4 d’ici 2030.