Au sommet du G7, une déclaration finale loin de l'urgence éducative

A l’issue du G7, réuni à Taormina (Sicile) les 26 et 27 mai, les Sept ont adopté une déclaration finale dans laquelle aucun engagement concret en termes d’éducation n’a été pris. 

Avant même le début des travaux, le sommet s’annonçait décevant. Alors que plus de 260 millions d'enfants dans le monde ne sont pas scolarisés, l’éducation ne figure pas à l’ordre du jour du G7. Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule : les dirigeants du G7 ont également annulé la publication (prévue pour le sommet) du rapport sur l’éducation qui devait présenter les progrès réalisés pour assurer à tous les enfants 12 années d’éducation. En conclusion, seul résultat tangible concernant l’éducation : le document final  comporte une phrase affirmant « la nécessité d’investir dans l’éducation et la formation pour booster la croissance économique et la qualité de vie des individus. »

Aucun engagement concret n’a été pris pour apporter une réponse coordonnée et efficace à l’urgence éducative qui frappe le monde. Au programme du sommet : terrorisme,  climat, migrants. Des sujets tout à fait cruciaux, mais comment discuter de la lutte contre le terrorisme, du changement climatique et de l’urgence du défi migratoire sans aborder la question centrale de l’accès à l’éducation ?

 La deuxième journée a été dominée par un dialogue centré sur l’Afrique et le développement. Au bout du compte, le projet de déclaration finale se contente d'indiquer que « libérer le potentiel de la population africaine nécessite de renforcer le pouvoir d’agir de millions de personnes par l’intermédiaire de l’innovation, l’éducation, la promotion de l’égalité des genres et le développement du capital humain. ». Peu productif… alors que 50 % des enfants en âge de fréquenter l’école primaire qui ne sont pas scolarisés vivent en Afrique subsaharienne. Nous regrettons que cette occasion n’ait pas permis d’obtenir des engagements précis des 7 puissances mondiales pour mettre fin à la crise de l’éducation en Afrique.

A la veille du sommet,  l’ONG de Malala Yousafzai, le « Malala Fund», avait plaidé pour que les dirigeants du G7 rendent des comptes sur les actions qu’ils entreprennent pour répondre au défi urgent de l’éducation dans le monde et interpellé sur l’importance d’investir dans l’éducation des filles. Aujourd’hui, 130 millions de filles ne sont toujours pas scolarisées, et pourtant les Sept ont fait la sourde oreille aux revendications de l’ONG. La déclaration finale ne fait référence ni aux problèmes de l’accès des filles à l’éducation ni aux mesures qui seraient prises afin d’améliorer la scolarisation des filles. Ceci est d’autant plus scandaleux que dans le texte final un paragraphe est consacré à l’égalité des genres !

Le sommet est un échec. A l’issue des discussions, rien de concret en matière d’éducation. 

Seul point positif : 

A travers leur conférence de presse, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont relevé le niveau après un G7 très décevant. Le président Emmanuel Macron a notamment insisté sur l’importance de faire de l’aide au pays les plus pauvres et vulnérables une priorité pour les aider à faire face aux trois extrêmes : pauvreté, climat, violence. Dans les mois à venir, le couple franco-allemand aura la charge d’entraîner les pays de l’UE et du G20 dans cette direction et palier aux faiblesses du G7 de Taormina.
Friederike Röder, directrice France de ONE (membre de la Coalition Education).