L'aide française au développement a chuté de près de 10% en 2013, selon l'OCDE.
Hier, l’OCDE a publié les chiffres de l’Aide Publique pour le Développement pour 2013. Le constat est alarmant : l’APD de la France baisse de 9,8% en 2013, alors que celle du Royaume-Uni augmente de 27,8% et atteint l’objectif des 0,7% de son RNB !
L’aide bilatérale à l’Afrique diminue de 5,6% et l’APD à l’Afrique sub-saharienne baisse de 4%.
Cette déception est d'autant plus forte que le décrochage de la France est en contradiction avec les promesses deF rançois Hollande de renouer avec une trajectoire budgétaire permettant de porter l'APD française à 0,7 % du produit national brut, contre 0,4 % environ aujourd'hui.
L'aide se destine de moins en moins aux Pays les moins avancés, et prend de plus en plus la forme de prêts et moins de dons. Cette baisse et cette forme d’aide a des répercutions sur les pays les plus vulnérables pour qui cette aide est cruciale, en particulier en Afrique où l’on enregistre les retards les plus importants au regard des Objectifs du Millénaire pour le Développement et l’accès aux services sociaux cde base comme la santé, l’éducation.
L’APD française nette (car en volume, la France tire son épingle du jeu avec des artifices comptables comme les allégements de dettes ou les écolages, que nous dénonçons depuis longtemps) fond comme neige au soleil, alors que paradoxalement l’APD internationale a augmenté de 6.1 % en termes réels en 2013 pour atteindre son plus haut niveau historique !
Sur les 28 pays membres du CAD, 17 ont augmenté leurs apports d’aide, cinq pays ont respecté l’objectif défini de longue date par les Nations Unies visant à consacrer 0.7 % de leur revenu national brut à l’APD. Le Royaume-Uni a accru son APD de 27.8 %, ce qui lui a permis d’atteindre pour la première fois l’objectif de 0.7 %.
Le Canada, la France et le Portugal affichent les replis les plus marqués en APD nette.
Coordination SUD, dont nous sommes membres dans une tribune publiée dans Libération ce lundi et un communiqué de presse hier interpelle l’Etat et le Président de la République sur des promesses non tenues, sur ces craintes d’une dépolitisation à venir de la Solidarité internationale alors qu’elle n’a jamais été plus nécessaire en ces temps de crises humanitaires, économiques, socio politiques, et même environnementales ! (Changement climatique, Mali, Centrafrique, Syrie…)
Elle relative le poids de cette APD dans les finances publiques tout en rappelant sa nécessité pour les pays du Sud : « Aujourd’hui, seul 0,46% du revenu national contribue à cette politique, soit un investissement budgétaire réel d’environ 4 milliards d’euros, sur un budget total de la France de plus de 407 milliards. Cette contribution déjà insuffisante ne devrait subir, sous aucun prétexte, de nouveaux coups de rabot. Quel bénéfice économique extraordinaire tirerait-on en France de nouvelles réductions sur un budget aussi faible ? La réalité est qu’il sera à peine mesurable. Pour les plus pauvres de la planète les conséquences seront considérables, y compris en termes de vies humaines. »
« Pour la France, la 5e puissance économique mondiale, renier aujourd’hui - sans le dire, bien sûr - ses engagements internationaux, serait renoncer à une exigence de solidarité dans le monde extrêmement inégalitaire que nous connaissons. Ce serait, sans l’avouer, faire payer les effets de notre crise aux populations les plus pauvres de la planète. »
« Monsieur le président de la République, "pouvons-nous encore, au regard des difficultés que nous traversons sur le plan économique, sur le plan budgétaire, pouvons nous encore conserver une politique ambitieuse de développement?" Il y a un an, en clôturant les assises du développement et de la solidarité internationale, vous vous étiez posé cette question, pour répondre immédiatement et sans ambiguïté par l’affirmative. «Compte tenu de son rang, de sa place, de son histoire, de ses valeurs, je réponds oui. Nous le pouvons, nous le devons, nous le ferons», disiez-vous.
Or, un an plus tard, où en est-on ? Non seulement, votre affirmation, pourtant forte et claire, ne s’est pas traduite dans les faits, puisqu’en 2013 le niveau d’aide publique au développement accordé par la France est en baisse. Mais, sous prétexte de modernisation de l’Etat, un risque encore plus important plane aujourd’hui sur l’aide vers les pays les plus pauvres. Un risque que les orientations prioritaires promues par votre gouvernement depuis près de deux ans soient vidées de leur substance. »