ODD : 214 organisations de la société civile demandent que l'éducation primaire et secondaire gratuite soit traduite dans les indicateurs de développement

Le Groupe interinstitutions et d'experts sur les indicateurs (IAEG-SDGs) relatifs aux objectifs de développement durable (ODD) vient de publier une proposition d’indicateurs qui permettront aux gouvernements d’assurer le suivi de la mise en œuvre des ODD. A l’appel de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), 214 organisations de la société civile, des académiques et des professionnels de l’éducation du monde entier, dont la Coalition Education, ont exprimé leurs inquiétudes quant aux indicateurs relatifs à l’ODD 4 éducation : « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ».

Dans une lettre adressée au IAEG-SDGs et à la Commission des statistique des Nations Unies, la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) et les 214 signataires, alertent sur l’absence d’indicateurs relatifs à l’achèvement de l’éducation primaire et secondaire, et à la gratuité des ces 12 années d’études, qui figurent dans la première cible de l’ODD 4 : « Un cycle complet d'enseignement primaire et secondaire, gratuit, équitable, de qualité, donnant à tous, garçons et filles, des acquis pertinents et effectifs ». Ces deux dimensions sont essentielles pour assurer que les gouvernements réalisent l’ODD 4 Education.

La CME appelle l’IAEG-SDGs et la Commission à inclure un indicateur supplémentaire pour la cible 4.1 : le pourcentage des enfants et des jeunes ayant terminé (i) une éducation primaire gratuite (ii) un enseignement secondaire gratuit (iii) un enseignement supérieur gratuit.

La deuxième inquiétude exprimée dans la lettre de la CME concerne l’introduction de dernière minute de l’évaluation des plus jeunes dans les indicateurs globaux pour la cible 4.1. Cet ajout s’oppose à la décision préalable du Comité directeur de l’Education pour Tous, prise en octobre 2015. Bien que l’importance des évaluations formelles tout au long du cycle éducatif ait été reconnue, la CME alerte quant aux conséquences négatives de cette évaluation sur les plus jeunes, et notamment sur le développement de leur personnalité, de leur bien-être, de leur esprit critique, qui s’opposent à leur droit de jouer et à la créativité. Ces préoccupations sont au centre de l’Observation Générale 1 du Comité sur les droits des enfants. A cet égard, la CME demande à l’IAEG-SDGs et la Commission de reconsidérer la présence de cet indicateur dans la cible 4.1. 

Les efforts conjoints des gouvernements, des organes des Nations Unies et des activistes de la société civile ont donné naissance à un Objectif de développement durable pour l'éducation qui devait donner à chaque enfant, adolescent, jeune et adulte une réelle possibilité de jouir de son droit à une éducation de qualité, gratuite et inclusive. Nous nous sommes réjouis de l'adoption unanime des ODD mais aujourd'hui, à peine six mois plus tard, la vision qu'ils portent est menacée. Nos exigences ne cherchent pas à créer une controverse. Nous voulons simplement que l'indicateur reflète l'objectif et les cibles qui ont été convenus à l'échelon mondial.
Camilla Croso, Présidente de la CME, qui a coordonné l’élaboration de la lettre.

Les indicateurs feront l’objet d’une discussion par la Commission des statistiques des Nations Unies du 8 au 11 mars 2016, à New York. A la suite de cette réunion, l’IAEG-SDGs organisera une consultation fin juin 2016, au Mexique.

La lettre de la CME appelle à une révision des indicateurs relatifs à l’ODD4 Education avant d’être proposée aux Etats membres des Nations Unies pour l’adoption finale.

Parmi les 214 organisations signataires figurent notamment les membres de la CME, le Fonds Malala (fondé par Malala Yousafza) et la Fondation Kailash Satyarthi Children’s Foundation (fondé par le prix Nobel de la Paix 2014 et activistes pour le droit des enfants Kailash Satyarthi).