Niger-Burkina Faso : reprise des financements français pour les projets éducation-protection de l'enfance

Au terme de plusieurs mois de plaidoyer intense, la Coalition Éducation se réjouit de la décision du gouvernement français de permettre à nouveau le financement français de projets Éducation et Protection de l’enfance au Niger et au Burkina Faso. 

Suite à la décision du gouvernement français de suspendre l’aide publique au développement au Niger et au Burkina Faso en septembre dernier, de nombreux projets et programmes portés par des ONGs, notamment en matière d’éducation, s’étaient vus dans l’obligation de fermer leurs portes, privant ainsi des populations particulièrement vulnérables de tout accès à des services essentiels de base. Le mardi 19 mars 2024, le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères a annoncé avoir fait évoluer son positionnement pour finalement permettre l’instruction de projets éducation/protection de l’enfance au Niger et au Burkina Faso sans aucun lien avec l’État et sous réserve d’une évaluation au cas par cas. Un changement de doctrine dont l’ensemble des membres de la Coalition Éducation ne peuvent que se réjouir. 

 

Un accès vital à l’éducation

Pour rappel, le Niger et le Burkina Faso font face depuis plusieurs années à des crises humanitaires et sécuritaires extrêmes. Les populations - dont une grande majorité a moins de 15 ans - comptent parmi les plus affectées par le changement climatique et par de violents conflits dans le cadre d’une crise chronique et multidimensionnelle. À lui seul, le Sahel central compte 2,5 millions de personnes déplacées internes (dont 2,1 au Burkina Faso), près de 7,5 millions en insécurité alimentaire, une agriculture sinistrée par les sécheresses et les inondations, des systèmes de santé affaiblis. 10 millions d’enfants ont besoin de toute urgence d’aide humanitaire, soit deux fois plus qu'en 2020, tandis que plus de 8 300 écoles ont déjà fermé en raison des groupes armés et des déplacements de populations. 

Un plaidoyer pour sauver l’éducation

Dès l’annonce de la suspension des financements français au Niger et au Burkina Faso, la Coalition Éducation s’était mobilisée aux côtés de Coordination Sud pour dénoncer l’impact d’un arrêt des financements français sur les populations les plus vulnérables. En novembre 2023, à la veille des débats au Parlement et au Sénat organisés par le chef de l’État afin de débattre de la stratégie de la France au Sahel, la Coalition Éducation avait exprimé dans une note transmise aux parlementaires et aux décideurs publics toute son inquiétude. Elle avait notamment rappelé l’inconditionnalité du droit à l’éducation et souligné que l’éducation au même titre que la santé, l’eau, l’assainissement ou la protection, était un service essentiel de base, sa privation ayant des conséquences dramatiques sur le présent et l’avenir de générations entières. 

Une bonne nouvelle pour les populations

Durant de longs mois, la Coalition Éducation a donc continué de marteler ses messages de plaidoyer auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’Elysée et a finalement obtenu gain de cause. « Nous nous réjouissons doublement de la décision du gouvernement français d’exempter les projets Éducation et Protection de l’Enfance », explique Louise Clément, co-coordinatrice de la Coalition Éducation. « Des populations particulièrement affectées et éprouvées, notamment les enfants, pourront prochainement retrouver un accès à des services essentiels et pourront être accompagnés sur le chemin de la résilience. Cette décision montre également une vraie reconnaissance du droit à l’éducation par les autorités françaises : il est enfin traité, à juste titre, comme un droit fondamental, pour ne pas dire vital, sans lequel aucun développement, aucun avenir, aucun espace démocratique n’est possible »