Contre la marchandisation de l'éducation : la mobilisation se renforce

Du 23 au 26 octobre la Coalition Education, aux côtés d'autres organisations, a mobilisé plus de 100 représentants issus de 25 pays francophones afin de trouver des réponses communes face au danger de la marchandisation de l'éducation. 

L'événement - qui s'est tenu à l’Institut de la Francophonie pour l'Éducation et la Formation à Dakar (Sénégal) - a été l’occasion d’échanger sur les dangers de la marchandisation de l’éducation et de réfléchir sur des orientations pour construire une éducation publique de qualité permettant à tou-te-s d'acquérir les compétences fondamentales pour évoluer dans la société. Le Réseau francophone contre la marchandisation de l’éducation - dont la Coalition Education fait partie, et qui a été à l'origine de cette rencontre - a pour objectif de promouvoir l’éducation comme l’un des moteurs du développement de nos sociétés. 

Les témoignages des participants ont mis en lumière le risque que la marchandisation de l'éducation transforme en profondeur les systèmes éducatifs, non seulement en dégradant la qualité des contenus pédagogiques mais également en renforçant les discriminations et les inégalités. Bien que chaque pays doit faire face à ses propres problématiques, pour lutter contre la marchandisation de l’éducation, il est indispensable que les gouvernements mettent en place une éducation publique forte et régulent le secteur privé.

La rencontre a également permis d'identifier les conséquences de la privatisation de l'éducation et de l’émergence d’une vision marchande de l’éducation sur la cohésion sociale, les conditions de recrutement, de travail et de formation des personnels éducatifs.

Face à ces développements préoccupants, il est crucial de s'interroger sur le modèle de société que nous défendons et la place que l’éducation occupe aujourd’hui dans nos vies. Quel type d’éducation ? Quel avenir sociétal voulons-nous pour les générations à venir ? Quelles possibilités ouvrons-nous aux jeunes et adultes de demain ?

La marchandisation de l’éducation est une question politique car elle interroge la manière dont nous souhaitons, en tant que citoyens et citoyennes, organiser et repenser nos sociétés. Assujettir la formation à l’emploi, placer l’éducation sur les logiques de marché, monnayer le champ des activités périscolaires revient à détourner l’éducation de son objectif principal. 

L'événement s'est poursuivie par une consultation sur les Principes directeurs de droits de l’Homme relatifs aux obligations des Etats concernant les écoles privées - en cours d'élaboration- initiés par la GI-ESCR, Right to Education Project et Amnesty International. Ces principes visent à poser des bases - issues de cadres et recommandations légales - qui permettraient de réguler les acteurs privés dans l'éducation et constitueraient un outil juridique pour rappeler aux Etats leurs engagements en faveurs d'une éducation publique de qualité pour tou-te-s. 

La dernière partie de la rencontre s’est construite autour de la stratégie du Réseau, déclinée en quatre lignes directrices : gouvernance/structuration, recherche/études, communication/campagne et suite de l’Appel francophone contre la marchandisation de l’éducation. Cet appel, socle commun de cette rencontre, vise à alerter et sensibiliser les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile sur les dangers de la marchandisation de l’éducation et les engager à lutter contre ce phénomène. Ces ateliers ont permis de définir les prochaines étapes du travail en réseau. Nous nous sommes engagés à travailler ensemble, en synergie afin de bâtir un plan d'action complet pour le Réseau francophone et notamment à approfondir le travail de recherche sur la marchandisation de l’éducation.

La rencontre a permis de mobiliser les convictions et les propositions des participants pour lutter contre la marchandisation de l'éducation. Des solutions existent et nous ne pourrons vaincre ce phénomène que si nous rappelons aux Etats leurs responsabilités envers les systèmes éducatifs et les populations, et si ensemble, nous promouvons le droit à une éducation publique inclusive de qualité  pour tou-te-s.