Le sommet d'Oslo peut-il marquer un tournant pour le droit à l'éducation ?

« Pour l’individu, pour la société et pour l’économie en général, les bienfaits de l’éducation sont bien connus, mais ils ne se traduisent pas dans les investissements. » Ces mots extraits de la Déclaration d'Oslo expriment un paradoxe auquel les organisateurs et participants du sommet sur l’éducation pour le développement clos hier, à l’image des membres de la Campagne Mondiale pour l’Education (CME) et de tous les militants du droit à l’éducation, souhaitent mettre fin. Le forum d’Olso constitue-t-il une étape clef dans cette démarche ? Certains résultats du forum laissent espérer des évolutions tangibles.

L’une des grandes thématiques du sommet était l’équité dans l’accès à l’apprentissage, en particulier pour les groupes ou individus les plus pauvres, isolés ou discriminés tels que les filles et les femmes, les personnes souffrant de handicap, issues de minorités ethniques, linguistiques, religieuses, etc. Sur ce sujet le sommet a permis de rappeler la nécessité encore criante de favoriser, partout dans le monde, une éducation inclusive. Ont également été mis en avant les travaux du « Groupe de défense de l’éducation dans les situations d’urgence et les crises prolongées », dont l’action vise à faire reconnaître le rôle crucial de l’éducation dans les contextes de conflit et de crise, et à accroître la part des financements internationaux d’urgence dédiés à l’éducation. Le Sommet mondial sur l’aide humanitaire de 2016 verra la création d’un fonds dédié, en lien probable avec le Partenariat Mondial pour l’Education (PME).

Mais si nous devions retenir un élément à l’issue du forum, il s’agirait de l’annonce faite par le premier ministre de la Norvège Mme Sohlberg de la création d’une Commission de haut niveau sur le financement des opportunités éducatives mondiales, sous égide de l’UNESCO et présidée par Gordon Brown. Cette nouvelle place la question du financement au cœur des priorités pour faire progresser le droit à l’éducation. Comme le souligne sur son blog David Archer, représentant de la société civile lors du sommet officiel, administrateur de la CME et du PME, la Commission s’appuiera notamment sur les recommandations formulées dans le rapport « Financing Education : Opportunities for Global Action » publié par la Brookings Institution, et devrait en ce sens privilégier une approche pragmatique pour identifier les différentes sources de financement envisageables, traditionnelles et innovantes, domestiques et internationales, publiques et privées, et favoriser leur mobilisation la plus transparente, efficace et coordonnée possible.

Alors que la communauté internationale se dirige vers l’adoption des objectifs de développement durable pour la période 2015-2030, le temps des réflexions et des négociations se termine progressivement. Il doit laisser la place au temps de l’action, qui ne sera effectif que si les moyens financiers nécessaires sont mis en œuvre. La création d’une commission de haut niveau sur le financement de l’éducation est un signe que cette condition est aujourd’hui au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Pourvu qu’elle le reste et se traduise dans les engagements des Etats pour faire de l’éducation pour tous une réalité.