L'aide au développement du Royaume-Uni destinée aux écoles privées à but lucratif porte atteinte aux droits des enfants ?!

Dans un communiqué sans précédent publié le 9 juin 2016, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (CRC) se dit préoccupé par la contribution du Royaume-Uni au financement « d'écoles privées et informelles à faible coût exploitées par des entreprises commerciales à but lucratif » par l'intermédiaire de son aide au développement*. Le CRC met en garde sur le risque que ces écoles font peser sur les droits des enfants dans les pays bénéficiaires.

Le Comité recommande au Royaume-Uni de « s’abstenir de financer des écoles privées à but lucratif » et de « donner la priorité à l’éducation de base gratuite de qualité dans les écoles publiques ».

Au cours des dernières années, le Royaume-Uni a dépensé des millions de livres sterling pour les écoles privées à but lucratif basées dans les pays en développement. Le Ministère du développement international (DFID) du Royaume-Uni a notamment alloué des fonds publics à une chaîne d’écoles normalisées à but lucratif très contestée : la Bridge International Academies qui opère au Kenya, en Ouganda, au Nigéria et en Inde.

 

Le financement du Royaume-Uni accordé à la Bridge International Academies et aux chaînes commerciales similaires pourrait être contraire au droit international. L’aide au développement devrait aller en priorité à la réalisation du principe de l’éducation gratuite de qualité pour tous, en particulier pour les groupes marginalisés.
Delphine Dorsi, Right to Education Project
Le Gouvernement britannique qui prétend être défavorable à l’éducation publique devrait répondre à ces critiques accablantes et lancer immédiatement un examen du soutien financier apporté par le DFID à ces écoles privatisées et à leur promotion dans les pays du Sud.
Kevin Courtney, Secrétaire général par intérim de National Union of Teachers (NUT)
Les recherches menées avec nos partenaires au Kenya, en Ouganda et au Ghana ont clairement montré que les écoles commerciales à but lucratif compromettent les droits de l’enfant. Le financement octroyé par le DFID à ces écoles est donc illicite. Le Royaume-Uni devrait prendre dès à présent des mesures pour y mettre fin et remplir ses obligations en droit international
Sylvain Aubry, Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights
J’espère que ces observations importantes du Comité des droits de l’enfant encourageront le DFID à repenser son soutien aux écoles privées à but lucratif de piètre qualité. Cet appui est manifestement contraire au bon travail qu’il accomplit par ailleurs pour soutenir l’éducation, et notamment celle des filles
David Archer, représentant de la société civile au Partenariat mondial pour l’éducation