Rapport. Éducation et Environnement : réalités et pratiques au Togo, Sénégal, Burkina Faso et Madagascar

Alors que les impacts du changement climatique se font de plus en plus sentir en Afrique de l’Ouest et à Madagascar — entre sécheresses, inondations, déforestation ou érosion des sols — un nouveau rapport met en lumière le rôle clé que peut jouer l’éducation pour accompagner les sociétés vers une transition écologique et durable.

Réalisé par la Coalition Éducation et les coalitions nationales du Burkina Faso, de Madagascardu Sénégal et du Togo, ce rapport dresse un état des lieux des pratiques éducatives existantes, des freins identifiés par les acteurs de terrain et des leviers pour renforcer l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) à tous les niveaux du système éducatif.

L’éducation peut jouer un rôle transformateur en préparant les citoyens de demain à comprendre, anticiper et agir face aux défis climatiques
souligne le rapport.

Des enseignant·e·s engagé·e·s mais confronté·e·s à de nombreux obstacles

L’enquête menée auprès de 329 enseignant·e·s révèle un fort intérêt des élèves pour les activités liées à l’environnement. Toutefois, les conditions de mise en œuvre restent fragiles :

  • Entre 43 % et 63 % des enseignant·e·s observent une participation enthousiaste de leurs élèves ;
  • Plus de 70 % déclarent avoir moins de deux heures par semaine pour traiter les enjeux environnementaux ;

Les ressources restent limitées :

  • 81 % au Sénégal évoquent le manque d’outils,
  • 71 % au Togo manquent de temps,
  • 65 % au Burkina Faso manquent de formation,
  • À Madagascar, seuls 18 % disposent d’un diplôme pédagogique.
Les élèves montrent un vif intérêt pour les activités environnementales, mais les moyens manquent encore cruellement pour répondre à leurs attentes
un·e enseignant·e du Burkina Faso.
Nous voulons former une génération qui respecte la nature et protège son environnement. Mais pour cela, nous avons besoin de soutien, de formation et de ressources
un·e enseignant·e à Madagascar

Vers une meilleure intégration de l’EEDD dans les enseignements et la formation

Le rapport met en évidence la nécessité de mieux intégrer l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) dans les curricula, à la fois dans l’enseignement de base et dans la formation professionnelle. Cette intégration reste aujourd’hui partielle, souvent laissée à l’initiative des enseignant·e·s ou d’organisations extérieures, sans cadre systématisé au niveau national dans les pays étudiés. 

Les disciplines existantes — comme les sciences, la géographie ou l’éducation civique — offrent des points d’entrée pertinents, mais l’absence de lignes directrices claires, de contenus adaptés et de temps pédagogique dédié constitue un frein majeur à une EEDD efficace.

« Créer une nouvelle matière alourdirait encore plus des programmes déjà très chargés », souligne un enseignant au Togo. Le rapport appelle plutôt à une approche transversale, structurée et opérationnelle, adossée à des référentiels nationaux.

Le rapport insiste également sur la place encore insufisante accordée à la formation aux métiers verts dans les filières techniques et professionnelles. Les enjeux environnementaux sont pris en compte dans certaines formations professionnelles, portées par des structures publiques ou des organisations de la société civile, notamment en matière d'énergies renouvelables, d'agroécologie/agroforesterie, de gestion des ressources naturelles et environnementales, de transformation et valorisation des produits locaux et de protection de l’environnement. Toutefois, leur intégration reste limitée et peu systématique. 

Des initiatives concrètes à valoriser et déployer

Dans les quatre pays, de nombreuses initiatives locales témoignent d’une mobilisation croissante des communautés éducatives :

  • Clubs environnement, jardins scolaires, journées de reboisement, ateliers de recyclage…
  • Des programmes comme « Un élève, un arbre » à Madagascar ou les forêts scolaires au Togo permettent de rendre l’apprentissage plus concret.

Ces expériences montrent qu’il existe déjà des bases solides sur lesquelles s’appuyer, mais que leur diffusion et leur pérennisation nécessitent un appui renforcé.

Une volonté politique présente, mais encore incomplètement traduite

Les politiques publiques des pays étudiés affichent une volonté de mieux intégrer l’EEDD, à travers des plans nationaux, des stratégies éducatives ou environnementales. Toutefois, le rapport note que ces engagements restent encore insuffisamment mis en œuvre sur le terrain :

  • Peu de ressources spécifiquement dédiés à l’EEDD ;
  • Des programmes de formation professionnelle aux métiers verts encore marginaux ;
  • Un besoin de coordination accrue entre les ministères de l’éducation, de l’environnement et de la formation.

Le rapport souligne que des engagements sont pris mais qu’il faut renforcer l’opérationnalisation des politiques et appuyer davantage les acteurs éducatifs dans leur mission.

Des orientations pour passer à l’échelle

Le rapport propose plusieurs leviers pour renforcer l’EEDD :

  • Inscrire l’EEDD dans les curricula et les activités parascolaires de manière structurée et adaptée aux contextes locaux ;
  • Davantage intégrer les enjeux environnementaux dans la formation technique et professionnelle, et développer des filières spécifiques aux métiers verts ;
  • Renforcer les capacités des enseignant·e·s/personnels éducatifs et leur fournir des outils adaptés ;
  • Soutenir les activités pratiques dans les écoles (jardins, clubs, recyclage…) ;
  • Intégrer une approche sensible au genre dans les politiques et pratiques d’EEDD ;
  • Renforcer l’implication des communautés, en favorisant des approches participatives ;
  • Favoriser des approches intersectorielles pour mieux articuler les politiques d’éducation, d’environnement, d’emploi et de santé ;
  • Assurer la pérennisation et l’institutionnalisation des initiatives existantes, en leur donnant un cadre durable, un appui technique, et une reconnaissance dans les politiques publiques.

 

Cette publication a été réalisée avec le soutien financier de l’Agence Française de Développement, le programme Éducation À Voix Haute du Partenariat Mondial pour l'éducation et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France. Son contenu relève de la seule responsabilité de la  la CN/ EPT Burkina Faso, la CN EPT Togo, la Coalition Education France, la COSYDEP Sénégal et la CONAMEPT Madagascar et ne reflète pas nécessairement les opinions des partenaires financiers dont Oxfam Danemark et PME.