Aide au développement : et si on commençait par la base ?

Action contre la Faim, Action Santé Mondiale, Coalition Education, Coalition Eau, ONE, Oxfam et Solidarité Sida s'unissent pour demander un renforcement de l’aide publique au développement pour les services sociaux de base et publie un document de recommandations "Aide au développement : et si on commençait par la base ?"

Dans le monde pré-Covid, nous n’étions déjà pas sur la bonne voie pour atteindre les cibles fixées pour 2030 par l’agenda des Objectifs du développement durable. Puis, partout, la crise sanitaire et économique a révélé et exacerbé les inégalités d’accès aux services les plus basiques tels que la santé, l’éducation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène ou encore les systèmes de protection sociale.

La Covid-19 a mis en lumière le manque de financement chronique dont pâtissent ces services sociaux de base, un désinvestissement qui dure depuis plusieurs décennies. Ils sont pourtant le socle de la réalisation des droits humains fondamentaux et la clef de voûte de la réduction de la pauvreté et des inégalités, notamment de genre. La pandémie a fait reculer drastiquement l’accès à ces services, notamment dans les pays les plus pauvres et pour les populations les plus vulnérables et minorisées, au premier rang desquelles les femmes, les adolescentes et les filles. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, l’extrême pauvreté va augmenter et les études démontrent que ce sont les plus pauvres qui s’appauvrissent encore. Ainsi l’Afrique subsaharienne qui comptait déjà des taux de pauvreté élevés devrait abriter près d’un tiers des personnes nouvellement appauvries par la Covid-19. 

Aujourd’hui, le rôle complémentaire de l’aide publique au développement (APD) avec les budgets nationaux des États qui ont besoin d'être soutenus s’impose pour financer ces secteurs. Ce sont les constats ci-dessus qui doivent guider les choix des bailleurs internationaux pour mener une politique d’APD au service de la réalisation des droits fondamentaux de tou·te·s et de l’accès universel et équitable à des services sociaux de base publics, abordables et de qualité. La France en a fait une priorité politique mais son engagement financier n’est pas encore à la hauteur de l’importance qu’elle y accorde dans ses discours. Face à l’urgence, l’APD française doit se recentrer sur ces services.