Coupe annoncée sur l'APD : menace sur l'éducation

La Coalition Éducation se joint à Coordination Sud face à la décision affichée du gouvernement français de couper 800 millions d’euros sur l’aide publique au développement. Une coupe qui semble de mauvaise augure face à l’objectif d’une éducation pour tout.e.s d’ici 2030. 

Le gouvernement français, par la parole du Ministre de l’Economie Bruno Lemaire, a annoncé dimanche 18 février une coupe de 800 millions d’euros sur l’aide publique au développement. Même si cette annonce n’a pour l’heure pas été suivie de précisions, elle fait l’effet d’un coup de semonce dans le monde de la solidarité et du développement. En effet, il s’agit d’une « annonce sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron », comme l’écrit Coordination Sud sur son site internet.

Une aide déjà réduite face à l’objectif annoncé

Fin 2023, le gouvernement français avait déjà refusé d’augmenter le budget de l’aide publique au développement (+ 0,08 % par rapport à 2023) dans un contexte de « réduction du déficit public ». Cette nouvelle annonce pourrait se transformer en un retour en arrière, avec des conséquences dramatiques pour les populations les plus vulnérables. Elle serait, qui plus est, contraire, à la Loi n° 2021-1031 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, votée à l’unanimité par les parlementaires en août 2021, (prévoyant une augmentation continue de l’APD et l’atteinte, en 2025, de l’objectif de 0,7 % du revenu national brut) et aux engagements internationaux pris par notre pays. 

Respecter nos engagements du 0,7%

Dans ce contexte, la Coalition Éducation, comme Coordination Sud, appelle donc le gouvernement à respecter le budget adopté par le Parlement en décembre 2023 et à poursuivre l’augmentation de l’APD, conformément à la loi de 2021. Elle plaide également pour une réforme de la taxe sur les transactions financières (TTF). Une hausse de son taux et de son assiette permettrait de générer de nouvelles recettes pour l’APD, plus que bienvenues dans ce contexte.

Une APD un peu trouble

Dans son Observatoire des financements de la France à l’éducation dans les pays partenaires, publié le 24 janvier 2024, la Coalition Education dénonçait déjà une APD éducation gonflée par les bourses et écolages (61,7% contre 17% de subventions versées via l’AFD), une éducation de base en deçà de l’objectif des 10% de financements ainsi qu’une faiblesse des financements APD accordés à l’éducation pré-primaire en comparaison des autres pays donateurs (0,4M$ contre plus de 8M$ pour les États-Unis ou le Canada). Dans son décryptage, quantitatif et qualitatif, des différents montants dédiés par la France à l’éducation au sein de l’aide publique au développement, elle soulignait également une aide humanitaire à l’éducation relativement faible (5%) alors que les situations de crises ne cessent de se multiplier et privent aujourd’hui plus de 224 millions d’enfants d’une éducation adaptée. La Coalition saluait donc l’engagement réaffirmé de la France en faveur d’une éducation de qualité et l’appelait à soutenir partout où cela est possible l’accès et la qualité de l’éducation ainsi qu’à financer de manière inconditionnelle des projets individuels ou collectifs, indispensables pour permettre aux populations, notamment les plus jeunes, de développer leur esprit critique, de s’émanciper et de participer à la construction de sociétés pacifiés. Cette nouvelle annonce d’une coupe de 800 millions d’euros laisse présager un avenir sombre pour l’éducation de qualité pour toutes et tous.