Partenariat Mondial pour l'Education : un zéro pointé pour la France !

Comme le craignaient les ONG, notamment la coalition française de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), et les parlementaires qui avaient interpellé l’Etat depuis plusieurs mois, la France a brillé par son absence d’engagement à la Conférence internationale sur l’Education du Partenariat mondial à Bruxelles, les 25 et 26 juin derniers.

Vendredi dernier, le Partenariat Mondial pour l’Education (PME), seul fonds multilatéral et multi-acteurs dans le domaine de l'éducation, a enregistré un record historique de promesses pour l’Education Pour Tous : 28,5 milliards de dollars US pour la reconstitution de ses ressources pour la période 2015-2018, à Bruxelles sous l’égide de la Commission Européenne.

La mobilisation remarquable des pays du Sud

La majorité des fonds est venue des gouvernements d’Afrique et d’Asie, qui se sont engagés à augmenter leurs ressources nationales consacrées à l’éducation pour un total de 26 milliards de dollars. 19 d’entre eux se sont même engagés à consacrer 20% de leur revenu national à l’éducation d’ici 2018 avec des champions comme le Kenya (29% d’ici 2019) ou la Côte d’Ivoire (26%).

Côté bailleurs internationaux, à la veille du bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement, et de l’échéance du Cadre de l’Education Pour Tous, l’engagement fait pâle figure, à côté cet engagement politique des Etats du Sud. A l’exception d’engagements remarqués du Royaume- Uni (510 millions $ pour les 4 ans à venir), de la Commission Européenne (510 millions jusqu’en 2020), du Danemark, de la Suède et de la Norvège.

Au Nord, une insuffisance chronique d'engagement 

Le constat chronique, ces dernières années, de l’insuffisance d’engagements réels pour le financement de l’éducation est inquiétant, étant donné le rôle essentiel de l’éducation de qualité pour Toutes et Tous dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

La France remarquée par son non- engagement 

Représentée uniquement par une sous-direction de son Ministère des Affaires Etrangères, la France a été en incapacité de s’engager, et ce devant 80 leaders et dirigeants de l’éducation à l’échelle internationale, entérinant publiquement sa désormais faible aura sur ce sujet.

 

 

Comment continuer à être crédible et à peser notamment dans la gouvernance du dispositif ?

Elle a joué à « Je T’aime, moi non plus » en rappelant sa fierté d’avoir été à l’initiative en 2002, de ce Partenariat qu’elle loue pour son efficacité et son exemplarité, tout en restant silencieuse sur sa contribution à ce fonds « en raison des contraintes budgétaires ».

DECRYPTAGE de son discours : à télécharger ici

Pourtant le poids actuel du PME, ses articulations avec les pays d’Afrique, notamment francophones ( pays de coopération prioritaire de la France) et ses priorités stratégiques « épousées » par la France dans sa déclaration (la qualité, l’accent sur les apprentissages, la formation des enseignants)… justifieraient un engagement accru de la France dans ce Partenariat.

De plus, dans sa déclaration, la France mélange manifestement l’aide bilatérale (transitant par l’AFD) et l’aide multilatérale (via le Ministère des Affaires Etrangères). Au final elle ne fait que « recycler » au budget du PME des projets sur lesquels elle apporte déjà son concours et  qui relèvent d’autres lignes budgétaires. Elle cite le Pôle de Dakar ou le PASEC qui sont des projets de recherche et d’analyse qui participent au renforcement de la qualité de l’éducation. Mais ils ne soutiennent pas directement les Etats et les acteurs de l’éducation du Sud dans la mise en place de leurs plans nationaux d’éducation.

Aussi, comment la France entend -elle concrètement participer au retour à l’école d’encore 57 millions d’enfants exclus de l’éducation, soutenir les pays en situation de conflit ou post conflit, l’accès des populations les plus vulnérables à leur Droit universel à l’éducation – priorités du financement du PME?

Il est nécessaire qu’un montant minimal, plus ou au moins égal à la contribution précédente (50 millions d’euros lors de la première reconstitution pour la période 2011-2014) puisse être engagé et voté au prochain projet de loi de finances, de façon prévisible sur la période 2015-2018. La France ne peut faillir sur cet enjeu, Droit de l’Homme, levier majeur du développement humain et outil de justice et d’inclusion sociale.

L’aide internationale à l’éducation a baissé de 10% en 2 ans.

L’AFD est une des agences de supervision du Fonds. Et la France est au CA du PME pour le siège tournant : Europe et y délègue un représentant du MAE.

Alors appelé « Fast Track Initiative » ou Initiative pour la mise en œuvre accélérée de l’Education pour Tous afin de tenir les engagements premiers de scolarisation universelle de base, d’ici à 2015.

Aujourd’hui, ce fonds permet de soutenir près de 60 pays, Etats, cadres de l’éducation, associations . Il a contribué depuis 2004 à la scolarisation de 22 millions d’enfants supplémentaires, dont 10 millions de filles, à la formation de milliers d’enseignants.

Programme d’analyse de systèmes éducatifs de la CONFEMEN, Conférence des Ministres de l’Education nationale.