Financement de l'éducation

Au niveau mondial, un financement efficace de l’éducation est essentiel pour ouvrir la scolarisation et les espaces d’apprentissage à une plus large population et fournir une éducation de qualité.

En 2015, la communauté internationale s’est engagée à réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) et le cadre d’action Éducation 2030 lié à l’ODD 4. Toutefois, pour garantir la réussite de ce nouveau programme ambitieux pour l’éducation, la volonté politique est importante mais ne suffit pas. Sans ressources, aucun progrès ne peut être accompli en matière d’éducation. La planification politique, la formation des enseignant.e.s, le matériel pédagogique, les lieux d’apprentissage et les infrastructures ont un coût.

Dans de nombreux pays, notamment parmi les plus pauvres, le droit à l’éducation est mis à mal par le manque de moyens important dont souffrent les systèmes éducatifs.

Selon le Rapport mondial de suivi de l’Éducation, la réalisation d'une éducation de base primaire et secondaire universelle – de bonne qualité – dans les pays à revenu faible et intermédiaire nécessite au total 340 milliards de dollars par an. Pour y parvenir, les pays à faible revenu devraient consacrer 6,56 % de leur PIB à l'éducation, et un déficit de financement de 39 milliards de dollars subsisterait tout de même. Et ces chiffres ne couvrent pas le coût nécessaire pour atteindre l'objectif de l'alphabétisation de base des adultes, à savoir « l’apprentissage tout au long de la vie » tel qu'énoncé dans l'ODD 4.

Des solutions existent pour surmonter ce défi du financement de l’éducation. Les pays riches peuvent aider les pays les plus pauvres en consacrant une part significative de leur Aide Publique au Développement (APD) à l’éducation, par l’intermédiaire de mécanismes bilatéraux ou multilatéraux. L’APD permet de soutenir les pays partenaires dans la mise en œuvre des politiques publiques d’éducation, ainsi que le financement de projets de terrain souvent à l’initiative d’organisations de la société civile, dans les pays bénéficiaires. En outre, cette aide contribue à financer le Partenariat Mondial pour l’Education (PME), seul fonds multilatéral et multi-acteurs exclusivement dédié à l’éducation dans les pays en développement.

Selon l'ONU, le secteur de l'éducation est gravement sous-financé, avec à peine 22 % des fonds demandés couverts en 2021. L'éducation en situations d’urgence est encore trop souvent négligée et peu considérée comme un besoin vital. L’aide bilatérale de la France à l'éducation a augmenté de 17,5% entre 2017-2020. La Coalition Education salue cette hausse, et notamment l’aide à l’éducation transitant par l’Agence Française de Développement. Cependant, cette augmentation a été moins rapide que la hausse globale de l’APD, et la part de l’éducation dans le total de l’aide a diminué, passant de 14,5% en 2017 à 11,9% en 2020.
Lors de la Conférence de financement du Partenariat Mondial pour l'Éducation (PME) - tenue en juillet 2021 - la France a annoncé une contribution de 333 millions d’euros pour la période 2021-2025, dont 50% dirigés vers l’éducation des filles. Un montant proportionnel à la contribution précédente de 200 millions d’euros, annoncée en 2018 pour trois ans. Ce statu quo reste cependant insuffisant au regard de l’aggravation des besoins éducatifs partout dans le monde en raison notamment de la pandémie de Covid-19. Le PME vise ainsi à collecter au moins 5 milliards de dollars sur 5 ans pour aider 90 pays et territoires où vivent plus de 80 % des enfants non scolarisés dans le monde.
Ces dernières années, l'éducation a été fortement impactée par la pandémie de Covid-19 et les crises multiples (catastrophes climatiques,  crise afghane, conflit ukrainien et autres crises oubliées notamment au Sahel, dans la Corne de l'Afrique et au Yémen). Le premier Sommet humanitaire mondial qui s'est tenu en mai 2016 à Istanbul a permis la création d'un fonds mondial dédié à l'éducation dans les situations d'urgence Education Cannot Wait, que les gouvernements doivent financer par le biais d'engagements pluriannuels. La France a versé une contribution de 4 millions d’euros au fonds Education Cannot Wait - dont 2 millions orientés sur le Liban et 2 millions vers le Sahel - pour l’année 2021 et annoncé une contribution de 4 millions d’euros pour 2022.

Aujourd’hui plus que jamais, le financement de l’éducation est un challenge, mais les progrès réalisés au cours de ces 15 dernières années montrent que le changement est possible. Si les moyens nécessaires sont mobilisés, les espoirs sont grands d’atteindre l’ODD 4 en 2030.

Nos recommandations : 

Il est important que la communauté internationale et les gouvernements adoptent des politiques de financement de l’éducation pertinentes et efficaces, et notamment que :

  • Les pays donateurs consacrent 10% de leur APD totale à l’éducation de base ;
  • Les États investissent 15 à 20 % de leur budget et 6% de leur PIB dans l'éducation ;
  • Les gouvernements consacrent au moins la moitié de leurs budgets éducatifs à l’éducation de base, définie comme incluant l’éducation et la protection de la petite enfance, l’éducation primaire, l’éducation secondaire et l’éducation de base des adultes ;
  • Davantage de justice fiscale soit exigée dans les pays en développement. Chaque année, 160 milliards de dollars de revenus fiscaux sont perdus en raison des manipulations des entreprises multinationales.
  • La France continue de figurer parmis les plus gros contributeurs du Partenariat mondial pour l'éducation.


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