Soutenir l'éducation de tous les enfants et les jeunes d'Afghanistan : appel à l'action

Plus de six mois après le retour au pouvoir des talibans, nous restons gravement préoccupés par les droits fondamentaux des citoyen.e.s afghan.e.s, en particulier des apprenantes et des enseignantes, des personnes handicapées et des minorités ethniques et religieuses. Le droit à l'éducation subit des attaques soutenues et systématiques.

L'urgence de l'éducation en Afghanistan

La transition du pouvoir a créé une situation d'urgence en matière d'éducation en Afghanistan. La suspension de l'aide au développement - une source de financement majeure pour le secteur de l'éducation - a interrompu l'enseignement dans la plupart des régions du pays. Les enseignant.e.s n'ont pas reçu de salaire pendant des mois et, bien que beaucoup d'entre eux continuent à travailler, le risque que les enseignant.e.s tombent dans la pauvreté et soient contraint.e.s d'abandonner la profession, est croissant. Cela aurait un impact négatif sur la fréquentation et le fonctionnement des écoles.

Le gel de la quasi-totalité des flux financiers vers l'Afghanistan a également précipité une grave crise économique. De plus en plus de familles tombent sous le seuil de pauvreté, risquant de faire s'effondrer la demande d'éducation des filles. Les taux de mariages précoces et de travail des enfants sont déjà en hausse, car les mécanismes de survie et de protection des familles s'épuisent. L'accès à l'enseignement supérieur reste un défi, en particulier pour les femmes, et de nombreux membres du personnel universitaire ont été contraints de fuir le pays.

L'interdiction de l'enseignement secondaire pour les filles doit être inversée

L'interdiction de l'enseignement secondaire pour les filles a privé les filles Afghanes de plus de 200 millions de jours d'apprentissage. Chaque jour où les filles ne sont pas scolarisées, elles sont davantage exposées à la violence, aux abus et à l'exploitation.

Nous partageons la profonde déception et la frustration des lycéennes afghanes, qui continuent d'être exclues de l'éducation, malgré les multiples assurances du contraire données par les autorités de facto.

L'éducation est plus uniquement un service social, c'est un droit fondamental qui doit être protégé. Nous nous félicitons de la condamnation universelle par la communauté internationale de la décision de fermer les écoles secondaires pour les filles après leur brève réouverture le 23 mars. Nous exhortons la communauté internationale à faire tout son possible pour que les autorités de facto reviennent sur leur décision et permettent à toutes les filles de retourner immédiatement à l'école en toute sécurité.

Pour que cela devienne une réalité, les gouvernements et les autorités doivent s'attaquer aux obstacles, tant préexistants que nouveaux, qui empêchent de garantir une éducation sûre, de qualité, sensible au genre et inclusive pour tou.te.s.

Soutenir les besoins humanitaires urgents

Nous reconnaissons les efforts déployés par le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Qatar pour accueillir conjointement la conférence des Nations unies visant des annonces de contributions à l'aide humanitaire en Afghanistan, et nous demandons instamment à la communauté internationale de s'unir pour financer les besoins urgents définis dans le plan d'intervention humanitaire en Afghanistan.

Soutien à moyen terme du secteur de l'éducation

Nous exhortons également les donateurs à apporter leur soutien en finançant intégralement le cadre transitoire du secteur de l'éducation en Afghanistan (AESTF).

Afin d'assurer un cadre opérationnel clair pour guider la programmation et l'investissement, le Groupe des partenaires du développement et le Cluster éducation ont facilité l'élaboration du cadre transitoire du secteur à travers un processus consultatif rapide.

Celui-ci couvre une période transitoire de deux ans et cherche à coordonner le financement hors budget du secteur pour les interventions clés, compte tenu de l'environnement politique actuel. Il est proposé qu'il soit revu annuellement.

L'AESTF vise à maintenir ou à améliorer l'accès à des environnements d'apprentissage et d'enseignement sûrs et inclusifs pour tou.te.s les apprenant.te.s, à récupérer les gains en termes de qualité de l'éducation et à préserver les éléments clés du système éducatif. S'il était entièrement financé et mis en œuvre, il constituerait un premier pas important et nécessaire vers la réalisation d'un cursus complet d'éducation gratuite, sûre et de qualité pour toutes les filles afghanes. Toutefois, il faut faire davantage pour protéger et promouvoir l'éducation de tous les enfants afghans, en particulier les filles du secondaire et celles qui ont fui le pays en quête de protection.

Le coût de l'AEST a été évalué à 1,5 milliard de dollars sur deux ans.

Cela inclut les 162,1 millions de dollars nécessaires pour financer le volet éducation du plan de réponse humanitaire, qui, bien qu'il s'agisse d'une étape importante, ne va pas assez loin pour répondre à l'ampleur des besoins en matière d'éducation en Afghanistan.

Le financement, aligné sur le cadre, pourrait être fourni par le biais de nouveaux accords contractuels avec les partenaires de mise en œuvre des Nations unies et des organisations non gouvernementales, et par le biais de nouveaux financements pour les mécanismes existants, tels que l'investissement prévu par Education Cannot Wait. 

 

Cet appel à l'action a été développé par Advocates for Afghan Education, un réseau d'organisations engagées dans la protection et la promotion du droit à l'éducation en Afghanistan. Le réseau comprend des organisations non gouvernementales locales et internationales travaillant en Afghanistan et au niveau international.