Nouveau rapport de la Coalition Éducation : seuls 2 pourcents de l'aide au développement de la France sont alloués à l'éducation de base

À la veille de la rencontre avec les représentants des chefs de gouvernement des États membres du G7 (5 février à Lyon), la Coalition Éducation publie son rapport sur l’aide de la France à l’éducation dans les pays en développement : seuls 2% de l’aide à l'éducation bilatérale de la France sont alloués à l'éducation de base [1] ! La France doit redoubler d’effort pour les 92 millions d’enfants et d’adolescents non-scolarisés en Afrique subsaharienne [2], dont plus de la moitié sont des filles.

Le rapport dénonce la faiblesse mais également la mauvaise répartition géographique de cette aide : moins de 26% de l’aide bilatérale de la France à l’éducation sont alloués à l‘Afrique subsaharienne, dont seulement 3,7 % pour l’éducation primaire, alors que les problèmes d'accès à et de qualité de l'éducation y sont les plus aiguës. Le rapport pointe également l’insuffisance de l’aide allouée à l'éducation dans les pays du Sahel qui figurent parmi les plus vulnérables au monde et les grandes priorités de la France, notamment avec le lancement de l’Alliance Sahel en juillet 2017. Ces pays ne reçoivent que 4,2 % de l’aide bilatérale française à l’éducation. Le G7 2019 doit être l’occasion pour la France de changer la donne et de concentrer ses efforts sur les pays où la crise de l'éducation reste la plus profonde.

« La France, qui assure la présidence du G7 en 2019, a inscrit l’éducation et le partenariat avec l’Afrique - notamment les pays sahéliens - au cœur des grandes ambitions du prochain sommet. Pour concrétiser ces annonces, des efforts importants devront être consentis par la France, tant au niveau des montants alloués à l’éducation dans la région qu’au niveau de leur répartition sectorielle; afin de mieux cibler les besoins les plus importants des populations. Le G7 sous la présidence française, est l’occasion pour la France de prendre le leadership d’un élan mondial pour l’éducation. » explique Léa Rambaud, Responsable plaidoyer et communication de la Coalition Éducation.

Compte-tenu de l’augmentation programmée de l’aide publique au développement de la France à 0,55 % du PNB d’ici à 2022, le maintien de 15 % de l’APD alloué à l’aide à l’éducation, représenterait une augmentation de 1,043 milliards d’euros. La Coalition Éducation demande à la France de s’engager à consacrer l’intégralité de cette part à l’éducation de base dans les pays les plus fragiles, en mettant la priorité sur l’Afrique subsaharienne et le Sahel, et en portant une attention particulière à la réduction des inégalités de genre en matière d’accès et de qualité de l’éducation. Elle souhaite également que la France prenne ses responsabilités face à la crise éducative majeure à laquelle sont confrontés plus de 75 millions d’enfants de 3 à 18 ans vivant aujourd’hui dans des pays en situation de crise : la France doit s’engager à contribuer significativement au Fonds Education Cannot Wait et à consacrer 4 % de son aide humanitaire à l'éducation [3].

Les parlementaires ont été mobilisés dans le cadre de ce rapport. 25 parlementaires ont adressé une question écrite au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères J.-Y. Le Drian pour lui demander quels seront les engagements pris par la France, notamment dans le cadre du G7 2019, pour assurer une véritable priorisation des besoins les plus importants et des pays les plus pauvres dans sa politique d'aide à l'éducation.

 

NOTES

[1] Selon la définition de l’UNESCO et du PME, l’éducation de base comprend une année de scolarisation pré-primaire l’enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement secondaire ; soit les activités qui visent à répondre aux besoins éducatifs fondamentaux.

[2] Ne laisser personne pour compte : Sommes-nous loin de l’enseignement primaire et secondaire universel ?, Rapport GEM, 2016

[3] En 2016, La France a allouée 2 %, soit 3.8 millions de dollars, de son aide humanitaire à l’éducation.