Libéria : l'éducation primaire publique menacée

Le phénomène de la privatisation de l’éducation se répand dans nombre de régions du monde et de façon accélérée. L’éducation publique  est menacée alors quelle devrait être la priorité. Aujourd’hui, un pays de plus est touché : le Libéria. Face à cette situation,  il faut agir !

La Présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf vient d’annoncer sa volonté de faire appel à une entreprise privée pour dispenser l’éducation primaire dans le pays.  Les raisons annoncées de cette décision: « le manque de professeurs bien formés, le manque de matériel... ». Le ministre de l’Information Eugene Nagbe qualifie cette initiative  de « méthode très audacieuse pour régler le problème que nous avons dans l’éducation ». Cet exemple reflète la tendance des gouvernements à se désengager de leur responsabilité de garant d’une éducation publique et gratuite. Loin d’être une solution aux problèmes rencontrés en matière d’éducation, cette privatisation est la cause d’une dégradation de la qualité de l’enseignement.

Privatiser l’éducation, une réforme en trompe l’oeil

L’entreprise Bridge International Academies, à laquelle le gouvernement du Libéria prévoit de confier l’éducation primaire du pays, s’apparente à un magasin qui vend l’enseignement pour 6 dollars par élève par mois.

Faut-il rappeler que l’éducation n’est pas une marchandise mais un droit humain universel ?

Coup de projecteur sur ces écoles à bas coût qui font des pays pauvres leur terrain de chasse, en prétendant donner de bons résultats aux enfants. Après l’Ouganda et le Kenya, Bridge s’attaque aujourd’hui au Libéria !

 

Les conséquences de cette marchandisation de l’éducation sont qu’il n’y a plus de suivi des programmes, on ne sait plus quel type d’enseignants on emploie dans ces écoles, quel est le type d’homme que l’on forme. Est-ce que nous aboutissons à la formation des citoyens ou à un autre type de formation qui aboutit à un désordre dans la société ?
Samuel Dambele, président de la Coalition africaine de la Campagne mondiale pour l’éducation (ANCEFA)

Au Libéria, plus de 40% des enfants en âge d'aller à l'école ne vont pas en classe, selon le ministère de l'Éducation. Les inégalités dans l’accès à l’éducation sont criantes dans le pays. Il est illusoire de croire que la lutte en faveur d’une éducation de qualité pour tous se fera par ces écoles à bas coût. Loin de là, elles favorisent un système éducatif à double vitesse, qui creuse un fossé au sein de la société entre les élèves sortant de ces écoles et les diplômés d’établissements prestigieux dont les frais de scolarité sont inaccessibles pour la plupart des familles. 

Le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’éducation, Kishore Singh, estime qu’il est « complètement inacceptable » pour Monrovia d’envisager de sous-traiter l’éducation à l’échelle du pays tout entier et s’étonne, dans un communiqué (en anglais), de constater que le Libéria, qui n’a pas les ressources pour permettre à tous les enfants d’aller à l’école, cherche à trouver des fonds pour financer une entreprise privée.

Mobilisés contre la marchandisation de l’éducation

La Coalition Education se mobilise aux côtés d’organisations de la société civile francophones pour lutter contre le fléau de la marchandisation de l’éducation et lancer un appel aux gouvernants contre ce phénomène. Dans ce cadre, la Coalition Education apporte son soutien au Syndicat des enseignants du Libéria qui s’oppose à la privatisation de l’éducation primaire dans le pays et appelle la société civile libérienne à agir pour empêcher qu’une telle réforme ne soit mise en place !

Pour en savoir plus sur l’Appel francophone contre la marchandisation de l’éducation : #NeVendezPaslEducation