Aide publique au développement : non aux détournements de fonds !

Le 19 février 2016, le Comité pour l’aide au développement (CAD) de l’OCDE se réunissait au sujet de la modernisation de la définition de l’aide publique au développement (APD), un processus en cours depuis plus d’un an et qui doit permettre de clarifier et harmoniser les pratiques de comptabilisation de l’APD entre les pays donateurs.

Si la démarche est salutaire, certaines orientations prises lors de cette réunion sont inquiétantes, et de nature à remettre en cause le fondement même de l’APD, qui est de financer le développement des pays les plus pauvres, réduire les inégalités à l’intérieur et entre les pays, et venir en aide aux populations les plus fragiles.

Parmi les points suscitant la vigilance de nombres d’acteurs de la société civile, celui d’une augmentation de l’implication du secteur privé dans le financement du développement, que le CAD appelle de ses vœux dans le communiqué officiel diffusé à l’issue de la réunion. Dans la lignée des déclarations faites lors de la Conférence d’Addis Abeba en Juillet 2015, les leviers financiers associés aux investissements privés sont largement mentionnés, mais les garde-fous manquent qui permettraient de garantir que l’aide ne soit pas détournée de la lutte contre la pauvreté vers le financement des entreprises des pays riches implantées dans les pays en développement.

Une autre décision préoccupante est la prise en compte de la « lutte contre l’extrémisme violent » parmi les buts poursuivis par l’aide au développement. Réaffirmant d’une part que l’APD ne doit généralement pas servir à financer du matériel militaire, et que la coopération internationale pour le développement ne doit pas être utilisée comme un moyen pour servir les intérêts des pays donateurs en matière de sécurité, le CAD entérine que les Etat membres pourront désormais inclure une partie des dépenses liées à la prévention de l’extrémisme violent dans leur APD.

Des organisations de la société civile se sont exprimées ces derniers jours pour faire entendre leurs inquiétudes quant au manque de transparence des règles de comptabilisation de l’aide qui, malgré les déclarations d’intention du CAD pour plus de clarté, risques de conduire certains Etats à faire passer pour de l’aide au développement des dépenses servant des intérêts biens éloignés de ceux des pays pauvres et de leurs populations.

Comme ces organisations, la Coalition Éducation sera vigilante à la poursuite des discussions sur le sujet, et ne manquera pas de dénoncer les pratiques allant à l’encontre des principes de la coopération internationale pour le développement, et notamment en matière d’éducation.

Lire notre Observatoire de l’aide publique française à l’éducation dans les pays en développement