Aujourd'hui, dans le monde, 234 millions d’enfants touché·e·s par des crises ont besoin d'un soutien urgent pour accéder à une éducation de qualité. Ce chiffre, en hausse constante, représente une augmentation de 35 millions au cours des trois dernières années (ECW, 2025). Parmi ces enfants, 85 millions - soit 37 % - sont déscolarisés. Les plus affectés sont les filles (52 %), les enfants en situation de handicap (20 %) et les enfants déplacé·e·s (17 %).
Malgré les besoins croissants, le financement humanitaire global pour l'éducation a baissé pour la première fois depuis plus de dix ans l'année dernière, diminuant de 3 %, passant de 1,2 milliard de dollars en 2022 à 1,17 milliard de dollars en 2023 (ECW, 2023), l'éducation en situations d’urgence est encore trop souvent négligée et peu considérée comme un besoin vital.
Pourtant, les crises se multiplient et s’intensifient. La pandémie de COVID-19, les catastrophes climatiques, la crise afghane, les conflits en Ukraine ou au Moyen-Orient, ainsi que d’autres crises oubliées – notamment au Sahel, en Afrique de l’Est ou au Yémen – compromettent fortement la stabilité mondiale et le droit à l'éducation. Les chocs climatiques à eux seuls ont perturbé la scolarité de 242 millions d’élèves dans 85 pays (Unicef, 2024). Dans au moins 37 pays, les écoles font l’objet d’attaques répétées, ciblées par des groupes armés ou des forces de sécurité (GCPEA).
La moitié des enfants déscolarisés à cause des crises se concentrent dans seulement cinq pays : l'Afghanistan, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Pakistan et le Soudan (ECW, 2025).
En contextes de crise, les lieux d’apprentissage sont essentiels à la survie des populations. Les écoles et centres éducatifs offrent un environnement protecteur face aux dangers exacerbés par les conflits et les catastrophes – violences, mariages précoces ou forcés, recrutement armé, exploitation. Ils constituent également un point d’accès crucial à des services vitaux tels que la nutrition, la santé, l’eau potable, l'hygiène et l’assainissement. Priver une population d'éducation, c’est affaiblir l’un des rares filets de sécurité qui subsistent en temps de crise.
Qui plus est, maintenir et renforcer une éducation de qualité est une condition fondamentale pour lutter contre les crises humanitaires, en prévenir les effets à long terme et favoriser la reconstruction. L’éducation offre aux enfants et aux jeunes un soutien psychosocial, un cadre pour se projeter, et les compétences nécessaires pour devenir acteurs de leur avenir. Les écoles sont les creusets de sociétés pacifiées, inclusives et résilientes. Soutenir l’éducation, c’est investir dans une paix durable.
Les financements humanitaires sont un moyen fondamental pour améliorer l’éducation des populations touchées par les crises. Ils permettent de financer les agences intergouvernementales et les ONG opérationnelles sur le terrain dès le début d’une nouvelle crise, et notamment d’organiser des activités éducatives, former des enseignants, distribuer du matériel d’enseignement et d’apprentissage adapté, construire des abris et lieux d’éducation temporaires et reconstruire des écoles.
Selon la seule source de données accessibles sur les financements humanitaires (FTS), l’éducation représentait à peine 5.7 % des financements humanitaires de la France en 2024.
L’augmentation des financements humanitaires à l’éducation est indispensable pour soutenir les pays touchés par une crise ou accueillant des populations réfugiées sur leur sol à ajuster les politiques d’éducation, améliorer les infrastructures d’apprentissage et donner aux enseignant.e.s les moyens d’assurer une éducation de qualité.
Pour cela, la France et la communauté internationale doivent :