RDC : l'école aide à empêcher le recrutement des filles dans les groupes armés

Child Soldier International, "If I could go to school...".

En République démocratique du Congo (RDC) l’éducation est un facteur essentiel à l’intégration des jeunes filles dans la société et les protège de l’enrôlement armé, comme le démontre le rapport de l’ONG Child Soldiers International «  If I could go to school… ».

Dans le pays, près de la moitié des jeunes filles rejoignent les groupes armés après avoir abandonné l’école. Privées d’éducation, elles voient le recrutement comme l’unique solution pour échapper à la pauvreté.

Si j’allais à l’école, je n’aurais pas rejoint l’armée.
Jeune fille interviewée par l'ONG
J’ai été expulsée de l’école pour ne pas avoir payé mes frais de scolarité, à la place d’errer sans objectif dans la ville, il était préférable de rejoindre le mouvement et de les aider dans les buissons
Jeune fille interviewée par l’ONG

En RDC, les jeunes filles abandonnent souvent leurs études car elles ne peuvent plus assumer les frais de scolarité et, car dans leur communauté l'école est "réservée" aux garçons. Bien que la loi nationale prévoit une éducation primaire gratuite et obligatoire pour tou-te-s, la plupart des écoles proposent une éducation payante, à laquelle s’ajoute le coût des fournitures, de l'uniforme et des chaussures. Dans certains établissement, les jeunes filles doivent acheter et emmener leur bureau.

Pour les ex-soldates qui ont quitté les groupes armés, l’école est perçue comme la solution pour réintégrer la société. Une fois enrôlée, la grande majorité des jeunes filles regrette d’avoir rejoint les forces armées où elles subissent des abus psychologiques et physiques. Alors que les garçons parviennent souvent à abandonner leur groupe, la honte et la peur du rejet retiennent les filles. Pour celles qui retournent chez elles, le lien avec la communauté est souvent détruit. Elles sont accusées d’avoir eu des relations avec les membres des groupes armées, même par leur propre famille, et cataloguées comme des « prostituées ». 

Aller à l’école leur permet de retrouver les valeurs sociales nécessaires pour être acceptées dans la société. L’école est un moyen d’effacer leur passé et de se reconstruire une identité positive notamment auprès de leur communauté. 

Si j'avais pu étudier, la communauté serait plus gentille à notre égard, nous obtiendrions des considérations qui nous aideraient beaucoup
Jeune fille interviewée par l’ONG

Les ex-soldates doivent se battre pour poursuivre leurs études. Elles s’inscrivent à l'école bien qu'elles ne puissent pas payer les frais de scolarité. Elles essaient de retourner en classes malgrès les nombreuses expulsions pour droits d'inscriptions impayés, et car la majorité des établissements rejette les anciens membres des groupes armés. Pourtant, l’école est le seul espoir pour ces jeunes filles de retrouver une vie « comme les autres ».

L’éducation est essentielle pour les enfants affectés par le conflit. Elle permet de diminuer les effets causés par la guerre et le traumatisme psychologique en offrant un cadre structuré. Elle permet de retrouver une confiance et l’estime de soi, de réguler le stress et offre des opportunités sociales. Elle rompt l’isolation et empêche le recrutement des enfants dans les groupes armés.

L’éducation doit être accessible pour tous les enfants et notamment dans les communautés vivant dans des contextes de crise. Conformément à l’objectif pour le développement durable portant sur l’éducation (ODD4), les gouvernements doivent s’assurer que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, quel que soit notamment leur niveau de ressources.